Le royaume de Ryūkyū

Depuis la Corée du Sud, nous prenond un ferry direction Fukuoka sur l’île de Kyūshū au Japon. Nous y passerons 4 nuits (je ferais probablement un article à part pour parler de cette ville et plus précisément des combats de Sumo), avant de partir pour le royaume de Ryūkyū en avion. Le royaume de Ryūkyū était un royaune indépendant qui comprenait les îles Yaeyama, l’archipel d’Okinawa et  les îles Amami du XIVᵉ au XIXᵉ siècle avant d’être annexé par l’empire du Japon en 1879. Aujourd’hui ces îles se trouvent dans la préfecture de Okinawa pour Ishigaki et Okinawa et dans la prefecture de Kagoshima pour Yoron et Amami. 

Pour notre première étape dans cette partie du Japon, nous avons choisi la compagnie Peach Aviation pour nous rendre à Ishigaki où nous resterons une semaine. C’est une compagnie low-cost japonaise qui fait essentiellement de vols domestiques. Nous avons payé 21 680 ¥ avec bagages en soute ce qui fait environ 70 € par personne. Nous décollons vers 12h et arrivons vers 14h25 ce qui nous permet d’arriver à l’hôtel aux alentours de l’heure du check-in qui souvent est autour de 15h dans les hôtels japonais. Notre hôtel, nommé the breakfast hotel porto, est comme son nom l’indique un hôtel situé près du port et qui propose un très bon petit déjeuner de poissons frais. Depuis ce port il est facile d’accéder aux différentes îles du coin grâce aux nombreuses liaisons maritimes quotidiennes. Ishigaki fait partie comme l’île Taketomi du Parc national d’Iriomote-Ishigaki. Ce parc abrite la plus grande réserve de corail bleu au monde. Il faut être honnête, dans l’ensemble les japonais n’ont pas d’attrait pour la baignade ce qui explique en partie pourquoi les littoraux sont peu aménagés et aussi pourquoi les îles du sud du Japon sont si peu touristiques. L’ambiance de l’île est décontractée, il y a peu de touristes et le temps est parfait pour profiter des activités de plein air. Le premier jour nous prenons notre temps et ne faisons pas grand chose.

Le lendemain nous prenons un bateau pour Taketomi qui est une petite île située au large d’Ishigaki. Sur place les déplacements peuvent se faire à pied mais aussi en vélo ou sur une charrette tirée par un buffle. La voiture est utilisée par les locaux mais du fait de la taille de l’île elle n’est vraiment pas nécessaire pour la visite. Le village est très joli avec ses longues allées bordées de mur de pierre et ses chemins en sable blanc mais nous venons principalement sur l’île pour voir les plages de sable blanc et l’eau turquoise comme tous les autres touristes de l’île.

La chose le plus étrange pour nous est qu’ici personne ne se baigne alors qu’il fait grand soleil et que la température de l’eau avoisine les 20 degrés. Après quelques recherches il semblerait que la raison est que les japonais suivent souvent aveuglément les règles et ne se baignent pas dans des zones sans sauveteurs. De plus la culture de la peau blanche ne favorise pas de se dévêtir. Il semble aussi que certains ont une peur culturelle de l’eau mais je n’ai pas trouvé d’informations sur ce phénomène.

Après la visite de l’île nous retournons sur l’île d’Ishigaki et nous nous rendons à un izakaya  nommé 730scramble dans le centre du village. Un izakaya ou isakaya en français est l’équivalent de nos bistrots au Japon. On y mange de tout et le cuisinier prépare bien souvent les plats devant vous avec des produits frais dès réception de la commande. C’est aussi un endroit convivial où les gens aiment bien se retrouver autour d’une verre de bière, de highball ou encore de saké. Au menu, cordon bleu et pommes de terre sautées.

Le troisième jour, nous nous rendons à Kabira Bay (川平湾) qui est une des plus jolies plages de l’île. Sur place nous profitons pour prendre des photos et nous balader puis nous décidons de prendre un bateau avec une vitre transparente pour observer les poissons et les coraux. Nous avons pu notamment observer des poissons clown, des tortues de mer et des bénitiers.


Le lendemain nous avons réservé un journée de snorkeling avec une agence locale. La réservation se fait en ligne sur un site tout en japonais. Nous utilisons google translate pour communiquer avec la compagnie Kahoo. Ishigaki est un des endroit au monde où il est possible de voir des raies manta en snorkeling et bien qu’il soit tard dans la saison pour en observer nous avons lu que des personnes en auraient aperçu quelques jours plus tôt. Nous tentons notre chance. Le temps est mitigé, c’est nuageux et il y a pas mal de vent. La compagnie nous a conseillé de prendre des médicaments contre le mal de mer même si nous ne sommes pas malades d’habitude. Élodie a pris un cachet et moi aucun. Je n’ai jamais été malade en mer. Nous sommes pris en charge à l’hôtel par un membre de l’équipe Kahoo qui nous accompagne au bateau. Nous commençons par effectuer une première plongée proche d’un emplacement de pêche. Des cages sont au fond de l’eau reliées par des cordes à des bouées. Les japonais aime faire du snorkeling avec de longue palmes. Les mêmes palmes qu’utilisent normalement les personnes qui font de l’apnée et vont souvent au fond de l’eau pour nager et prendre des photos. Nous nous rendons ensuite à l’endroit pour voir les raies manta mais l’eau est agitée. Il y a des vagues d’environ deux à trois mètres qui rendent le snorkeling plus difficile. Pour autant, dès que je mets la tête sous l’eau je n’ai plus trop cette sensation de ballottement. Je suis le groupe en suivant les consignes qui nous on été dites en japonais. Malheureusement pendant la recherche des raies Élodie a commencé à être malade et a du remonter sur le bateau où je l’ai accompagné avant de rejoindre le reste du groupe. Les membres de l’équipe me proposent de rester avec Élodie mais je souhaite continuer et voir pour la première fois une raie manta. J’ai eu de la chance car après plusieurs minutes sans les voir nous les avons vu surgir du bleu infini de l’océan. J’en ai compté 3 différentes, elles nagent de façon majestueuse avec une impression de calme absolu. Le contraste avec la météo et des vagues qui nous ballotent dans tous les sens est saisissant.

Après ce spectacle magnifique je retourne au bateau où Élodie est toujours entrain de vomir. En tout cas, ce n’est pas perdu pour tout le monde car les poissons se battent pour récupérer les restes. Nous retournons ensuite dans des eaux plus calmes pour une dernière plongée dans des récifs de coraux où j’essaye de plonger pour faire quelques photos. Lors de ma dernière remontée sur le bateau, le capitaine me tend une bouteille d’eau tiède. Je pense dans un premier temps que c’est pour boire mais je comprends rapidement que c’est en réalité pour se réchauffer.

Nous retournons ensuite sur la terre ferme où nous payons notre excursion 12 000¥/personne puis décidons de marcher jusqu’à notre hôtel. Nous étions les seuls étrangers de cette excursion et il est fort probable que si nous n’avions pas eu de base de japonais, nous n’aurions jamais été accepté sur le bateau.
Nous profitons de la soirée pour nous reposer et retournons à notre izakaya préféré pour tester les umibudō. C’est une algue sous forme de grape de raisin. C’est une spécialité que l’on trouve uniquement dans la préfecture d’Okinawa et fait souvent office d’apéritif. À la dégustation c’est plus proche de l’œuf de poisson que de l’algue et c’est vraiment très bon. Nous finissons la soirée à l’hôtel.

Le lendemain, après avoir essayé de faire une sortie kayak et nous être fait refoulé par un guide qui ne voulait que des clients japonais, nous essayons de rejoindre une plage, Hirakubo, dans l’extrême nord de l’île. Pour se faire nous prenons un taxi depuis l’aéroport car les bus dans cette partie de l’île sont limités à un par jour. Nous arrivons sur une plage de sable blanc déserte. Nous aurons de la visite, mais jamais très longue, de locaux. Nous profitons de la plage quasi privée toute l’après midi jusqu’au soleil couchant et l’heure du dernier bus de la soirée qui peut nous ramener près de notre hôtel.

Le soir nous restons tranquillement à l’hôtel où je reçois deux notifications d’urgence sur mon téléphone. Une pour dire qu’un tir de missile coréen a été effectué et qu’il faut se trouver un abri et l’autre pour nous dire que la menace est passée. Sur place, nous ne constatons aucune agitation ou inquiétude particulière des locaux qui continuent à faire leur vie. Il semble que ce genre de situation soit fréquente ici.

Le dernier jour nous décidons de nous rendre sur Iriomote. Cette île, la plus grande des îles Yaeyama, est majoritairement recouverte de mangroves et de forêts denses. Elle abrite le chat sauvage d’Iriomote, espèce endémique et considéré comme un trésor du patrimoine national japonais. Iriomote se trouve à 3/4 d’heure de ferry de Ishigaki. Sur place nous décidons de marcher vers une agence qui semble louer des canoë kayak. Notre but étant de faire du canoë dans la réserve naturelle de la rivière Nakama. Sur place nous trouvons une dame très gentille qui nous propose de nous louer un canoë pour 8600¥. Nous partons donc avec notre canoë avec la seule consigne de laisser passer les bateaux. Nous remontons donc la rivière Nakama et passons dans des bras de mangrove où nous apercevons notamment des crabes dont le crabe violoniste, des bernard l’ermite, des spatules, des hérons et un sanglier.

Après avoir bien remonté la rivière nous accostons pour nous rendre à un point de vue. Sur place nous faisons la connaissance d’un coréen en étude de médecine qui lui est ici pour capturer des papillons pour sa collection. Nous faisons aussi quelques photos de la vue et d’une araignée Nephila Pilipes puis nous redescendons vers notre canoë pour retourner à notre point de départ. Nous retournons ensuite sur l’île d’Ishigaki pour y passer notre dernière soirée avant de nous rendre à Okinawa. 

Pour nous rendre à Okinawa nous prenons l’avion. Nous avons choisi la compagnie ANA pour 1h de vol et un prix de 53€ par personne avec bagages en soute compris. Arrivés à Naha, la ville principale d’Okinawa, nous sommes un peu dépaysé tant l’influence américaine est grande. Dans les magasins on nous parle presque systématiquement en anglais. Il faut savoir que même à Tokyo la plupart des employés des magasins ne parlent pas anglais. La ville semble plutôt sale par rapport à d’autres villes du Japon. Heureusement nous ne restons que deux nuits avant de nous rendre à Yoron. 

Pour nous rendre à Yoron nous devons prendre un ferry qui n’a qu’une liaison par jour. Les tickets ne s’achètent qu’au port juste avant d’embarquer. Le ferry part à 7h pour une arrivée à 11h50. Il faut savoir qu’en cas de conditions météo défavorable le bateau ne peut pas accoster au port de Yoron; le capitaine prend la décision en arrivant sur place. Le prix pour la classe la plus basse est de 3500¥/personne soit environ 20€. Arrivés sur place nous sommes attendus par la patronne de la guesthouse où nous allons séjourner pendant 4 nuits. L’île n’étant pas très grande nous arrivons rapidement à la guest house MEEDAFU’S YUI HOSTEL and COFFEE qui fait aussi de la restauration italienne et café comme son nom l’indique. Nous dormons dans un dortoir composé de capsules individuelles. Un bracelet électronique nous permet d’ouvrir la porte du dortoir. Nous allons ensuite nous balader l’après midi sur la côte en nous dirigeant vers le sud. Il y a beaucoup de vent aujourd’hui et la mer est agitée. Pour autant, sur la plupart des plages que nous avons visité, nous avons aperçu des tortues de mer.


Après avoir marché jusqu’au café Ronlonal nous décidons de rentrer. Sur le chemin nous faisons un arrêt au supermarché et achetons quelques sushis que nous mangeons dans la salle de restaurant de la guest house. Rapidement nous faisons connaissance avec Victor un français originaire de Lille. Puis Victor nous présente Taro un japonais originaire de Kagoshima. Victor nous parle de leur projet d’aller boire un verre dans un endroit pour écouter des chants locaux et nous propose de se joindre à eux. Nous acceptons avec plaisir, étonnés de la spontanéité de cette invitation. Le soir Taro nous emmène donc dans une sorte de bar avec Victor, Yuki une amie de Taro et Shogo un autre japonais en vacance dans la guest house. C’est là que la patronne et son mari donne une représentation. Nous commandons une boisson chacun puis nous écoutons attentivement les chansons et le chanteur qui parle de Yoron entre deux chansons et nos applaudissements. À la fin de la soirée nous discutons un peu avec le patron puis nous prenons le chemin du retour. La voiture de Taro ne pouvant pas raccompagner tout le monde, le patron du bar nous propose de ramener une partie du groupe. C’est donc avec lui qui nous faisons la route de retour jusqu’à notre hôtel. Après des au revoir chaleureux nous nous retrouvons un moment dans salle commune où Taro nous propose d’aller avec eux le lendemain pour aller voir le fameux banc de sable de Yoron appelé Yurigahama (百合ヶ浜) à l’opposé de l’île. Nous acceptons encore une fois l’invitation. Après un bonne nuit nous retrouvons Taro, Victor et Shogo à la salle commune pour le petit déjeuner. Nous prenons ensuite la voiture pour nous rendre à la plage d’Oganekyu (大金久海岸). C’est là que notre guide qui s’appelle Tome nous attend pour nous conduire en bateau sur le banc de sable. Le temps est magnifique mais commence à se couvrir au fur et à mesure que la journée avance. L’eau d’un bleu turquoise et le sable blanc en fait un décor de carte postale.


Nous prenons des photos tous ensemble puis le capitaine nous accompagne vers une partie réputée pour sa couleur bleue. C’est vraiment magnifique.

Nous faisons une pause, le temps que Taro accompagne Shogo à l’aéroport (l’île est si petite que l’aller-retour prend une vingtaine de minutes) puis nous allons faire du snorkeling tous ensemble. Les récifs sont magnifiques et bien préservés ici. Nous apercevons beaucoup de variétés de poissons, des tortues de mer et un serpent de mer.


Nous allons ensuite au camping qui se situe juste à côté pour nous rincer et nous laver puis après avoir payé Tome nous rentrons à la guest house des images plein la tête. Le soir nous allons tous ensemble au supermarché nous acheter des bentos pour manger dans la salle commune. Un festival annuel est prévu le lendemain, tout le monde est motivé pour y aller. Encore une fois Taro se propose d’emmener tout le monde. Sabrina, une malaisienne installée au Japon pour ces études, ainsi qu’un japonais à la retraite, qui logent dans la même guest house que nous, se joignent également à nous. Toute l’île s’y rend par ailleurs. Ce festival où l’on trouve des stands de nourriture locale est rythmé par des combats de sumo allant de façon croissante en âge. Il se termine par la danse des participants autour et sur le ring des sumos qui s’appelle le dohyō (土俵). Je passe une partie de la soirée à discuter avec un Suisse de Zurich et Arthur, un français d’Avignon, entre deux sollicitations des anciens de l’île qui nous offrent du saké à boire. Bien évidemment nous terminons la soirée à danser comme il se doit accompagné par tous les habitants de l’île. C’était le dernier soir tous ensemble, car le lendemain tout le monde repartaient.

C’était pour moi de super rencontres sans lesquelles ce passage sur Yoron n’aurait pas été le même. Je n’arrive pas expliquer pourquoi ou comment on fait ces rencontres mais des fois les planètes sont alignées et tout se déroule parfaitement. En vrai, je sais que nous devons beaucoup à Taro car c’est lui qui créait cette cohésion et courait dans tous les sens pour arranger tout le monde. Nous passons notre dernière journée tranquillement et profitons pour aller marcher une dernière fois près de la plage où nous avons fait du snorkeling deux jours plus tôt. L’endroit est magique et nous n’avons presque croisé personne. Après une dernière nuit dans l’hôtel nous quittons Yoron avec plein de nostalgie. Nous nous dirigeons vers Amami.

Comme pour Yoron nous avons acheté les tickets au port. C’est un trajet de 8h et le prix est d’environ 5870¥/personne. Arrivé à Amami, il fait nuit. Nous récupérons les clés de notre appartement se situant face au port dans une boîte à code et nous installons tranquillement. Le temps n’est pas très bon à Amami. Il pleut la plupart du temps ce qui ne nous encourage pas beaucoup à faire des activités. Pour autant avec l’aide de Taro nous allons visiter Kinsakubaru Old-growth Forest (金作原) qui est une forêt primaire existante depuis plus de 300 millions d’années. Sa visite est limitée et il est nécessaire d’avoir un guide local pour y aller. Nous nous y rendons avec un autre couple de japonais. La visite n’est pas longue mais très intéressante. Bien sûr nous ne comprenons pas tout ce que raconte notre guide japonais mais nous saisissons l’essentiel.

Nous n’avons pas beaucoup profité d’Amami principalement à cause du mauvais temps mais nous avons pu goûté la spécialité locale de poulet au restaurant minatoya amami chicken rice. Nous avons aussi été réveillés par une alerte au tsunami suite à un tremblement de terre aux Philippines vers 3h du matin mais heureusement l’eau n’est montée que de 20 centimètres.

Il est temps pour nous de retourner vers les îles principales du Japon, Kyūshū en l’occurrence. Nous prenons donc un nouveau ferry pour Kagoshima. C’est un ferry de nuit. Il faut 11h pour nous y rendre. Nous avons choisi de prendre une couchette et avons payé 11 000¥/personne. Nous sommes contents de retourner sur l’île principale mais en même temps nostalgique de notre temps passé sur Ishigaki et Yoron. Dans le prochain article, je vous raconterai notre voyage à Kyūshū. Merci d’avoir lu jusqu’au bout.

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